Une délibération intitulée « Pour une vraie sortie de crise agricole*» a été présentée et votée par la Chambre d'Agriculture Régionale lors de la session du 26 novembre 2024, mais rejetée par les élu.e.s de la Confédération Paysanne. Les solutions proposées sont en effet symptomatiques du double discours bien connu du syndicat co-gestionnaire.
Tout d'abord, il ne s'agit pas de chercher à répondre à «la crise agricole» actuelle car c'est le système agricole dans sa globalité qui est défaillant. Ce sont les politiques agricoles mises en place qui déstructurent depuis des dizaines d'années le monde paysan au profit d'un modèle agri-industriel. C'est donc bien le système qu'il faut modifier en profondeur et non pas proposer une énième fois « des mesures conjoncturelles et de trésorerie ».
Soucieuse de se distinguer avant les élections chambres d'agriculture de janvier 2025, la FRSEA Auvergne Rhône Alpes-Auvergne - qui dirige la chambre régionale - met à la fois en avant dans cette délibération la qualité de l'agriculture française, la meilleure au monde car respectueuse de normes, mais souhaite pour autant « une simplification administrative drastique » :
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sur les projets « de stockage et d'utilisation de l'eau », il faut comprendre aller plus vite et sans évaluation des impacts hydrologiques.
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sur le « fonctionnement de l'ANSES* », il faut comprendre lui enlever le pouvoir d'émettre ou de retirer des autorisations de mise sur le marché des pesticides sur la base d'études scientifiques, au détriment de la santé des paysans et de la population
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sur les procédures relatives aux Installations (agricoles, NDLR) Classées pour la Protection de l'Environnement (ICPE), il faut comprendre faciliter l'agrandissement des bâtiments agricoles. La Chambre souhaite favoriser les gros élevages tout en déplorant la perte de «100 000 agriculteurs en 10 ans».
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sur la « suspension des programmes d'actions régionaux et nationaux de protection des eaux contre la pollution par les nitrates d'origine agricole (PAR/PAN7) », il faut comprendre que les grosses unités d'élevage déjà créées et celles à venir ne seraient ainsi pas contraintes à l'épandage des effluents d'élevages. Mesure d'accompagnement logique à l'augmentation du seuil d'ICPE.
Ces demandes de simplification cachent en réalité un soutien à l'agriculture industrielle, celle-là même pratiquée par A. Rousseau avec ces 700 Ha. Le numéro 1 de la FNSEA* entend bien servir les intérêts de ces sociétés dont sa multinationale Avril avec de telles demandes.
Cette délibération sur la sortie de crise n'est qu'une bouée perforée lancée dans les bras des agriculteurs en difficulté. Elle ne répond en rien au malaise principal des agriculteurs : le revenu. Aucune mention sur la revalorisation des prix ou sur la nécessité d'améliorer les revenus. Ce sont pourtant les préoccupations premières des agriculteurs et agricultrices.
La revalorisation de nos productions et la protection des marchés agricoles sont manifestement taboues pour le syndicat co-gestionnaire. Au contraire, à la Confédération Paysanne, ce sont pour nous les principaux leviers d'amélioration de notre système agricole défaillant. C'est pourquoi nous avons apporté une réponse à cette délibération avant de s'y opposer en session chambre le 26 novembre dernier. Cette réponse et cette délibération sont à retrouver ci-dessous.
Contact des portes-paroles et élus chambre régionale à la Confédération Paysanne :
*Le texte entre « guillemet » est issu de la délibération proposée par la Chambre