OMC dégage de nos champs !!

Samedi 11 juin se déroulait à Genève une manifestation contre l'OMC. Plusieurs confédéré·es s'étaient mobilisé·es à cette occasion. Interview avec Pierre Maison, paysan de Haute Savoie élu au bureau de la Coordination Européenne de la Via Campesina (ECVC).
Pourquoi était organisée cette manifestation ?
Cette manifestation contre l'OMC*, c'est parce qu'elle met en place des règes de commerces qui sont faite pour l'agro-industrie et les grandes entreprises, qui tuent les paysans. On favorise l'export et les grandes cultures, du coup on détruit la souveraineté alimentaire. Par exemple, l'OMC* encourage le libre-échange et ainsi on exporte du blé pas cher vers les pays dits du sud. Ainsi, on crée de la dépendance, et on fragilise l'agriculture locale qui ne peut pas être compétitive face aux céréales exportées qui bénéficient de subventions, notamment celles venues d'Europe et des Etats-Unis. Or cette dépendance est lourde de conséquences avec la déstabilisation des marchés, liée aux crises du COVID puis à la crise ukrainienne. Ces crises sont renforcées par la spéculation qui entraine une envolée des prix et d'importants risques de famines alors que les produits pour l'instant sont là.
Or cette semaine il y a la 12e Conférence des ministres de l'OMC*. Ils souhaitent aboutir à des résultats pour favoriser le libre-échange. Les dernières conférences s'étaient soldées par des échecs, on espère que ça continue !!
En effet l'OMC* c'est l'outil pour favoriser les multinationales et le commerce international, au détriment du commerce local du coup c'est clair : il faut que l'OMC* dégage de l'agriculture.
A la place de l'OMC*, on propose des règles basées sur la solidarité et la complémentarité entre les pays. Des échanges basés sur la souveraineté alimentaire plutôt que sur la compétition. Cette compétition internationale c'est complètement contradictoire avec ce qu'il faut faire avec les changements climatiques.
La Via Campesina n'est pas contre le commerce, pour certains produits comme le café qu'on ne peut produire que dans certains pays, mais on est contre les produits qui traversent le monde dans tous les sens quand ils peuvent être produits sur place.
Et cette manifestation c'était comment ?
C'était une belle manifestation. Il y avait une importante délégation de la Via Campesina, avec des paysan·nes qui représentaient tous les continents. On aurait pu espérer plus de monde mais on était déjà nombreux, on a crié à la face du monde qu'on voulait que l'OMC* dégage de l'agriculture, qu'elle détruit la souveraineté alimentaire.
Cette manifestation était entrecoupée de discours forts et mobilisateurs qu'ont pu entendre une délégation de paysan·nes de la Confédération paysanne. Il y avait ainsi Nicolas Girod, des membres du CN, des paysan·nes venu·es de toute la région AURA et même des Haut Savoyards venu·es dans un convoi à vélo ! La Via Campesina Europe avait aussi plusieurs représentants.
Quelles perspectives autour de cette mobilisation ?
La Via Campesina va être mobilisée une bonne partie de la semaine. Il y a eu la manifestation en premier lieu, puis différentes interventions dans des réunions locales à Genève sont prévues ainsi qu'un travail de suivi par rapport à l'OMC*.
Il y a également un travail au Conseil des droits de l'homme concernant les droits des paysan·nes.
On voudrait que les pays qui se sont abstenus ou qui ont voté pour la Déclaration des droits des paysans se mobilisent pour qu'à l'ONU* il y ait un rapporteur spécial. Cela permettra de mettre en œuvre cette déclaration pour les droits des paysans partout dans le monde. Du coup on fait du lobbying, pour faire avancer cette procédure et ainsi défendre l'accès à l'eau, le droit aux semences etc.
De même, il y a un traité contraignant pour lutter contre les abus des multinationales qui est en construction. Nous le défendons aussi lors de nos rencontres avec des représentants des pays car nous pensons que les droits de l'Homme, les droits des Paysans doivent primer sur tous les autres droits notamment ceux du commerce.
(…) Par rapport à la crise climatique on a mis en avant le fait que l'agrobusiness nous envoie dans le mur mais ce n‘est pas gagné…